Racines en mouvement

Mayday mayday ! Une zone humide a besoin d’aide !

Au cœur de nos territoires ultramarins, où se concentre près de 80 % de la biodiversité française, les zones humides — mangroves, mares ou savanes inondées pour ne citer qu’elles — jouent un rôle vital. Elles filtrent l’eau, capturent le carbone, protègent les rivages et abritent une biodiversité unique. Pourtant, aujourd’hui encore, elles n’ont pas toujours bonne réputation : parfois mal connues, souvent dévalorisées, et trop souvent jugées inutiles ou nuisibles, elles restent victimes de cette perception négative. Et avec elles s’effacent peu à peu les récits, les savoirs et les liens qui nous relient à ces milieux.

Car comment protéger ce que l’on ne connaît pas ? Comment aimer un paysage qu’on nous a appris à fuir ? Trop sale, trop marécageux, trop compliqué...

Et si on changeait tout cela ?
Si les enfants devenaient les voix des zones humides ?
Si l’art, la nature et la culture s’unissaient pour raviver des liens trop souvent coupés ?

Racines en mouvement est né de cette urgence. Urgence de réparer les liens entre les jeunes et leur territoire. Urgence de réenchanter les zones humides. Urgence de transmettre une fierté d’appartenance et une conscience écologique dès l’enfance.

C’est là qu’interviennent les jeunes.

À travers des ateliers artistiques, des immersions en pleine nature, des créations collectives, des spectacles ou des fresques… ils vont réinventer leur lien au vivant. Raconter leur territoire autrement. Faire danser les racines.

Ce projet est une bouée tendue, à la fois à la nature et à la jeunesse.

Porté par le Comité français de l’UICN, via son Pôle relais zones humides tropicales, ce projet s’inscrit pleinement dans nos missions : restaurer les liens entre l’Homme et la nature.
Présents en outre-mer, nous œuvrons à mieux faire connaître, aimer et protéger les zones humides.

Derrière ce projet, il y a une équipe profondément investie :

Gaëlle, coordinatrice du Pôle relais en Guadeloupe : passionnée de nature et convaincue que l’éducation est la clé pour changer le monde ;

Angeline, responsable pédagogique en Guadeloupe : talentueuse et inventive, elle sait s’adapter à toutes les audiences et créer un véritable lien de confiance avec les jeunes ;

Matthieu, chargé de projets restauration en Martinique : toujours pleinement engagé pour faire entendre la voix des zones humides auprès du grand public ;

Manrifa, chargé de mission à Mayotte : agit avec calme et conviction, et fait naître des projets solides, porteurs d’une réelle inspiration ;

Elena, chargée de mission en Polynésie française : insuffle une énergie douce et lumineuse dans chacun des projets, et réveille chez les enfants l’envie de raconter autrement leur lien au vivant.

Avec Racines en mouvement, nous faisons le pari de l’émotion et de la création artistique pour que les jeunes se réapproprient ces milieux et deviennent les ambassadeurs d’un nouveau récit.

Il était une fois… un rêve que nous voulons rendre réel…

Il était une fois des jeunes qui grandissaient sur des terres baignées de soleil, là où la nature foisonne et murmure à l’oreille de ceux qui savent écouter. Leurs pieds foulaient sans le savoir des trésors anciens : des mangroves aux racines enchevêtrées comme des secrets, des mares tranquilles cachées entre les mornes, des rivières qui portaient encore l’écho des chants d’antan. Mais ces lieux, pourtant si proches, leur étaient devenus lointains. On ne leur en parlait plus. Les histoires s’étaient tues. Le lien s’était effiloché.

Et puis un jour, presque en silence, quelque chose s’est brisé. La zone humide en bas de la ville a été comblée pour faire place à un parking. Les gens ont dit en passant : « Ça ne servait à rien de toute façon. ». Personne n’a pleuré. Plus personne ne savait ce qu’on avait perdu. La mémoire s’était effacée avec les odeurs de sel et de vase.

Alors, nous — une équipe de six passionnés engagés, entre scientifiques, animateurs et acteurs de terrain — avons choisi d’agir. Unis par la même volonté : ranimer ce lien oublié, éveiller les consciences, transmettre le souffle vital des zones humides. Nous sommes allés voir ces jeunes. Nous avons parlé avec eux de ces lieux, de ce qu’ils étaient, de ce qu’ils portaient : la vie, l’histoire, les légendes. Puis nous les avons emmenés dans ces zones humides. Ils ont marché, écouté, senti, observé. Certains ont eu peur. D’autres ont ri. Et peu à peu, leurs regards ont changé.

Ils ont voulu raconter ce qu’ils avaient vu. Pas avec des discours, mais avec leurs corps, leurs voix, leurs pinceaux. Ils ont inventé une danse, une chanson, une fresque. Pendant des mois, ils ont créé, filmé, documenté. Ils sont devenus les passeurs d’une histoire oubliée.

Et leur message est parti loin. Le jour de la projection, dans des salles pleines d’émotion, on a vu les sourires naître, les têtes hocher. Dans d’autres écoles, sur d’autres îles, on a entendu leur appel. Quelque chose avait bougé.

Depuis, ces jeunes ambassadeurs marchent plus fiers. Ils savent qu’ils font partie d’un tout. Ils portent en eux la mémoire et la force de ceux qui savent d’où ils viennent.

Et parce que leur cri était juste, il a traversé les frontières. Des élus, des entreprises, des décideurs les ont entendus. Ils ont vu dans leurs gestes une vérité qu’aucun rapport ne pouvait dire. Ils ont compris que ces enfants portaient, sans le savoir, un projet d’avenir. Alors ils ont décidé d’agir. Ensemble, ils ont posé les premières pierres d’un engagement durable : protéger ces zones humides, non plus pour un jour, mais pour toujours.